Tout le temps, il y a eu les yeux. Moi et pas moi à la fois. Ils m’ont regardée, m’ont questionnée, m’ont demandé si ce que je vivais était réel. Et longtemps je n’étais pas sûre de la réponse.
Il y a eu le fait de penser que des visages se cachaient derrière d’autres. Que les gens mentaient. Qu’ils n’étaient pas qui ils prétendaient être. Que des gens qui avaient disparu de ma vie tentaient de revenir. Avec de nouveaux pseudos. De nouveaux médias. De nouvelles têtes. Je ne sais pas. Mais elles n’avouent jamais.
Je me suis toujours sentie seule. Toujours. Et rarement, j’en parle. De ce que c’est à l’intérieur. Des rares gens qui ont su voir, mais qui ne me parlent tellement plus que je me demande s’ils ont existé. J’ai cru être un alien. Un robot. J’ai gratté ma peau. Que du sang. Qui me mentait, comment ? Mes parents étaient dans le coup ?
Et j’ai tenté de fuir, aussi. Mais ni à l’école ni à la maison, les poings ne laissaient leur place à la fuite. Alors j’ai menti. Beaucoup. Beaucoup beaucoup. J’ai tout caché.
Les yeux, ils grouillent un peu partout. Pendant longtemps, ils grouillaient à l’extérieur. Ceux des autres, armés, douloureux. Je n’osais rien faire. Jamais. Même pas parler. Si bien que j’en avais oublié comment faire. Dans l’intimité, on me demandait de parler. De montrer la mélasse en moi. Et je n’y arrivais pas. Et je ne le faisais pas. Puis ils sont venus de l’intérieur. Des voix. Celle qui chante l’opéra quand je me douche. Des frelons qui veulent pondre dans mes oreilles quand je dors. Du corbeau en bois qui tente de prendre possession de mon corps.
Mais là encore, rien.
Jamais rien.
J’ai besoin de vos échos. Savoir que je ne suis pas seule. Parlez-moi.
Great content! Keep up the good work!
Je ne sais jamais quoi dire, car j’ai tant à déverser, et si peu de gens prêts à voir. Entendre, oui, comprendre, non. Paradoxalement, j’ai toujours pensé qu’entouré, je n’étais pas moins seul. Car peu de gens comprennent, ou apprécient, c’est ainsi. Je n’ai pas de réponses, mais je ne suis pas sûr que ce soit cela que tu cherches. Nous sommes toujours seuls, mais pourtant…
D’un point de vue physique, il y a du vide tout autour de nous, en nous. Mais cela ne nous enlève pas la sensation de se toucher. Ainsi je suppose que par approximations, en rayonnant, on peut toucher les autres, toucher leur intérieur, ne serait ce que du bout des doigts. Je ne sais pas si tu comprends… Je comprends, et en même temps, il m’est impossible de saisir l’étendue qui nous sépare. Car je me suis brisé, fondu, encore et encore, jusqu’à cristalliser. Et maintenant, je ne sais plus. Parce que les médicaments sont ma béquille, qui me permettent de clopiner vers les autres. Je suis dans la matrice, un paradis artificiel, mais c’est moi qui l’ai choisi. Et en même temps, n’est ce pas ça être soi ? Choisir son enfer. La vie n’est qu’un rêve, mais il nous appartient. Et c’est la seule chose qui compte, de mon point de vue. De le saisir. Car peu importe comment je me suis contorsionné pour plaire aux autres, je demeure moi, discontinué par les aléas. Peu importe ce que l’on m’a fait subir, le trou béant qu’on a ouvert dans mon âme, JE demeure. Et tant que tu es là, toi aussi. Tu n’es pas seule, je suppose, ne serait ce que parce que ton intérieur semble riche, divers. Personnellement, j’ai décidé de le voir ainsi : je n’ai jamais été seul, car les créations de mon esprit n’étaient pas moins vraies, que les autres. Et maintenant ? Je suis bien entouré, de gens bien réels, qui, comme on peut s’y attendre, ne comprennent, mais qui au moins acceptent.
J’ai décidé de croire, car comment vivre autrement ? Par le fait que tout le monde ment, probablement, c’est comme si le mensonge n’existait plus. Si je décide de croire les autres, croire en leur candeur, et qu’ils me trompent, qu’importe ? J’ai plus à gagner qu’à perdre. En partant de rien, on est finalement plus libres. Qu’y a t il à perdre ? Moi ? Je l’ai perdu, encore et encore. La vie ? J’ai regardé la mort en face, mais qu’a t elle à m’apporter ? La tranquillité ? Qu’importe, cela finira par venir, autant passer ce rêve à ma façon, avec les personnes pour qui ce rêve a un sens.
Je suppose que j’essaie de te rassurer, mais je n’aime les platitudes, bien qu’elles aient leur utilité, alors je les ai présentées sous la forme de ce qui résonne pour moi, en espérant qu’une partie résonne en toi. Tu n’es pas seule, à la rigueur isolée ? Mais oui, dans ce que tu écris, j’ai l’impression de me voir, sans me voir. Un reflet trouble et troublant. J’espère que tu trouveras le sens ténu qui relie tout ça et nous relie entre personnes incapables de communiquer, et qui pourtant s’effleurent, mais je pense, que quoi qu’il arrive, ton envie de communiquer, ça montre quelque chose de toi. Que tu espères, que tu vois, que tu es, et finalement, que tu vas finir par trouver. Courage, il n’y a rien de monstrueux à tenter d’exister.
Tu dis beaucoup et je suis là avec peu de mots. Je t’ai lu. On se sent seuls dans la folie et en fait… parfois une main tendue ça peut suffire à en avoir une à l’autre bout.
Mon esprit a créé beaucoup de choses aussi. Des bonnes. Des moins bonnes. Certaines que j’ai du mal à montrer. Mais c’est un tout. C’est moi tout ça.
Je ne mens plus, moi. Ou alors beaucoup beaucoup beaucoup moins qu’avant. Comme tous les autres. Jeune j’ai été mythomane. Maintenant je suis juste la menteuse banale comme les 7 milliards d’autres.
Je ne suis plus seule. J’ai trouvé un petit havre de paix. Il y a des gens qui seront toujours là je crois. Je ne sais pas qui tu es avec l’adresse que je vois sur ton commentaire. Ca se trouve on se connait. Ca se trouve non. Si tu veux en savoir plus, tu sais où me contacter ailleurs. Hésite pas. Je suis là.