Rien ne m’intéresse.
C’est faux.
Je me fous de tout.
Vous ne pouvez pas me faire mal.
Fiel
Avidéaux
L’autre est grand et suinte,
A mesure grandit l’enceinte,
Mais rétrécit la salle,
Et je n’y vois plus que
Pourrir
Des tissus mous du canapé aux chairs abstraites,
Entrelacées attendre la mort déjà préfaite,
Ambitions fumées, parois interdites,
Succomber aux vapeurs faciles qu’on nous dicte.
La nuit est longue
Les yeux te sondent, la nuit est sombre,
Lève-toi sans ombre, rampe vers l’immonde,
On rit puis grondent, quand tu dénombres,
Les lames de jet puis vagabondes.
Les nuits calmes
Mon enfance, c’est un drôle de bordel. D’un côté, il y avait l’école. J’en tremblais de chaque membre tous les matins, avant de prendre le bus. Le collège, c’était horrible. Pire que la mort. On me crachait dessus, on me tapait dessus, on me collait des chewing-gums dans les cheveux, on me mettait des coups de briquet sur le corps. Dans mon groupe “d’amis”, deux s’en foutaient de tout, l’autre était souvent sympa, mais parfois me tapait sans raison et je n’avais pas le droit de riposter sous risque de m’en prendre une autre jusqu’à ce qu’il ait le dernier mot.
Torture Thérapeutique
L’hôpital psychiatrique. On ne m’a pas tellement laissé le choix. Mais au-delà de comment ai-je fini par y mettre les pieds, la question est surtout de savoir l’état dans lequel ont fini lesdits pieds, une fois sur place.
Vautours
J’dépose mon ancre quand j’le sens, j’dégaine ma plume et mon sang, et l’encre que j’fais baver face à vos gueules d’enterrement. Sans vos savoirs académiques je couche mes viols sur papier, les souvenirs de l’HP, ces potes que j’ai cramé, ma dégaine regrettée d’anorexique encombrée.
De vi(d)e
Ils ont leur jolie droite sur le bitume, discontinue, prétracée du sang de leurs ancêtres. Alors je regarde mes jalons, un à un, et chacun semble inatteignable. Si je n’avance pas, si je n’ai ni projet ni ambition, c’est car je suis déjà morte. Le genre de phrase qu’on écrit sur son agenda au collège. Le corps a déjà cédé, dans ma tête, il ne reste plus qu’à coucher le dessin.
Ratures
Je froisse mon corps comme du papier
Du papier fatigué dont on jette les cendres
Papier millimétré aux bordures effacées
Je m’attèle à te redessiner tous les angles
Transistor
La non-binarité, personnellement, je n’ai rien contre. Au contraire, je trouve ça très intéressant que de plus en plus de personnes explorent leur relation vis-à-vis des notions de genre ou de sexe et en tirent des conclusions sur ce qu’iels veulent en faire, qu’il s’agisse de la langue (via de nouveaux accords, par exemple), d’allure (via des styles androgynes, bisexués ou alternatifs) ou de ressenti. Mais ce n’est pas l’aspect de la construction personnelle que je vais aborder ici.
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