Ils ont leur jolie droite sur le bitume, discontinue, prétracée du sang de leurs ancêtres. Alors je regarde mes jalons, un à un, et chacun semble inatteignable. Si je n’avance pas, si je n’ai ni projet ni ambition, c’est car je suis déjà morte. Le genre de phrase qu’on écrit sur son agenda au collège. Le corps a déjà cédé, dans ma tête, il ne reste plus qu’à coucher le dessin.
Ma Folie
Ratures
Je froisse mon corps comme du papier
Du papier fatigué dont on jette les cendres
Papier millimétré aux bordures effacées
Je m’attèle à te redessiner tous les angles
Les citrouilles qu’on éventre
Il y a la famine, yeux livides et qui grouillent
Leurs trajets incessants qui aliènent les sens
Des charniers qu’ils explorent et du charnel en fouille
Les rebelles en goudron des visions qui s’obstinent
Qui se tordent et se muent en des guerres intestines
Et cousus à la hâte en répit de patience
Terre à terre
Je suis la pierre, l’érodée, celle qu’on entame à la pioche. Celle dont on éparpille les morceaux comme un puzzle à la crèche. Celle à la mousse flétrie et aux parois lézardées. Celle aux gravats feutrés et aux gisements déjà pillés.
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Marche à pied
Il y a ceux qui marchent. Et les bonnes façons de marcher.
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Dix vagues
On me dit
Trop précieuse pour ce monde
Et je cherche à partir
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Contrepoids
J’ai les pas hésitants
Les passants inquiétants
Un peu d’encre à mes pieds
Et je bave
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J’érode
Je suis fragmentée. F r a g m e n t é e car je suis seule. Mais accompagnée de mes plusieurs. Tous sont différents et se relaient avec une frénésie à peine perceptible.
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Haut les mains
[Pour les personnes s’apprêtant à lire ce qui suit, une mise en garde : le texte contient de la violence physique et psychologique sur mineure]
Il est amusant de constater la facilité qu’ont les gens à se bander les yeux. Ma famille d’abord, préférant me voir encaisser que de se brouiller avec mon père. Ma mère ensuite, me répétant qu’il avait un bon fond et que la responsabilité me revenait en partie. Et encore aujourd’hui mes collègues, feignant de ne pas comprendre pourquoi je me refuse au maximum à retourner chez mes parents depuis que j’ai décroché mon indépendance. Jusqu’à la culpabilisation parfois. Mes parents jouissent d’une immunité, comme tant d’autres, et il semblerait que je leur doive quelque chose. Je reste persuadée qu’iels préfèrent que je ne leur retourne pas la politesse.
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Le bruit SOURD
Le bruit sourd est dans ma tête. Peut-être n’existe-t-il même pas. Mais il est là. Le bruit sourd se manifeste telle une surcharge, comme la conséquence d’un surplus d’informations. Mon oreille, d’habitude distraite, vole successivement sur les autres tables du restaurant. Elle se lie à chaque visage, chaque groupe, chaque mot. Elle entend sans écouter, et les conversations n’ont aucun sens.
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