Pierre d’ambre aux parois luisantes,
Fige le passé avalé,
Conserve les âmes qui hantent,
Leur bile aux sucs trop digérés.

La surface dure au diamant,
Persiste encore à les cacher,
Sa vérité jaunit pourtant,
Doit pour mûrir s’en extirper.

Alors on gratte avec les ongles,
Les doigts couverts de sang séché,
Peinent à lire quelques secondes,
Chiffrent l’immonde éclaboussé.

Mais déjà celle écorchée germe,
La gemme ferme et se reforme,
Sa structure changée du derme,
Dont mes outils caressent l’orme.

La lumière qui su l’ouvrir,
Certes inconnue, blanche et divine,
Précieuse craque et sa résine,
Dont le ventre lâche les vouivres.

Reptiles pieux, drôle de pierre,
Fuient les fragments morts des décombres,
Lézardent dieu, reflètent l’ombre,
Échos bizarres aux bleus d’hier.

Mais la fauve veut protéger,
L’hôte du mal qui la succède,
Happe ses bras, fond le remède,
Dans tous ses yeux mal refermés.

Ainsi sont conservées les clefs,
Certes rouillées, parfois perdues,
Qui la dévorent et gardent nue,
L’âme au caillou trop fissuré.

Illustration par Madison Taylor