La vie a fait de moi cette larve inepte, inapte. J’ai pris les coups, l’un après l’autre, qu’on a choisis pour moi. Le mal, partout. De nombreux visages, certains familiers, d’autres que j’ai oublié, et sans doute m’en suis-je fait aussi. J’ai été crachée, frappée, brûlée, humiliée, violée. Et aucun mot ne saurait illustrer les cauchemars qui ont suivi.
Harcèlement
Heureux Heurts
Si je n’ai plus que ma chair tendre,
Sous un linceul tâché jadis,
Qui ne puisse servir d’offrande,
Autant la laisser seule aux mouches.
Nouvelle, échec
D’aussi loin que j’en eu une mémoire,
Je fus pariat, de haine : l’avatar,
Il fut faux amis, bourreaux cachant moins,
Confréries se relaient d’esprits malins.
La nuit est longue
Les yeux te sondent, la nuit est sombre,
Lève-toi sans ombre, rampe vers l’immonde,
Je ris puis gronde, quand tu dénombres,
Les lames de jet puis vagabondes.
Les nuits calmes
Mon enfance, c’est un drôle de bordel. D’un côté, il y avait l’école. J’en tremblais de chaque membre tous les matins, avant de prendre le bus. Le collège, c’était horrible. Pire que la mort. On me crachait dessus, on me tapait dessus, on me collait des chewing-gums dans les cheveux, on me mettait des coups de briquet sur le corps. Dans mon groupe “d’amis”, deux s’en foutaient de tout, l’autre était souvent sympa, mais parfois me tapait sans raison et je n’avais pas le droit de riposter sous risque de m’en prendre une autre jusqu’à ce qu’il ait le dernier mot.
Le plus vieux des suicides
On était une bande de gamin-e-s et on ne s’appréciait pas tout-e-s nécessairement, mais on finissait inéluctablement par se recroiser à chaque événement de village puisque dans ce genre de patelin, tout le monde se connaît plus ou moins. Lire la suite
Terre à terre
Je suis la pierre, l’érodée, celle qu’on entame à la pioche. Celle dont on éparpille les morceaux comme un puzzle à la crèche. Celle à la mousse flétrie et aux parois lézardées. Celle aux gravats feutrés et aux gisements déjà pillés.
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Contrepoids
J’ai les pas hésitants
Les passants inquiétants
Un peu d’encre à mes pieds
Et je bave
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Monsieur T.
Monsieur T.,
J’ai été élève d’une de vos classes, il y a de cela des années. Cinq ans, six ans, peut-être plus. Pendant longtemps, vous et vos cours d’anglais un peu particuliers m’ont beaucoup fait rire. Pour nous faire apprécier la langue, vous redoubliez d’imagination et nous étudiions un jour South Park, un autre une chanson choisie par un élève, un autre encore des formes d’art un peu particulières.
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Haut les mains
[Pour les personnes s’apprêtant à lire ce qui suit, une mise en garde : le texte contient de la violence physique et psychologique sur mineure]
Il est amusant de constater la facilité qu’ont les gens à se bander les yeux. Ma famille d’abord, préférant me voir encaisser que de se brouiller avec mon père. Ma mère ensuite, me répétant qu’il avait un bon fond et que la responsabilité me revenait en partie. Et encore aujourd’hui mes collègues, feignant de ne pas comprendre pourquoi je me refuse au maximum à retourner chez mes parents depuis que j’ai décroché mon indépendance. Jusqu’à la culpabilisation parfois. Mes parents jouissent d’une immunité, comme tant d’autres, et il semblerait que je leur doive quelque chose. Je reste persuadée qu’iels préfèrent que je ne leur retourne pas la politesse.
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