Quand on aborde les nœuds, ce sont toujours mes autres qui sortent. Qui s’en approprient les maux, s’en cousent des mots. Qui disent savoir, qui ne savent rien, qui ne savent plus.
J’aurais aimé en délacer quelques-uns, pouvoir parler des poussières partagées. Autre chose que des têtes hurlantes qui ne s’accordent pas entre-elles.
J’aurais aimé te parler de mes non qui ne sont jamais sortis, dire avoir parfois mémoire des tiens, n’avoir que des non-dits et des regrets de sueurs qui rougissent tout. Les fois où j’ai fait semblant, les fois où j’ai fait sans savoir, celles où tu as fait sans vouloir. Un labyrinthe de déclencheurs qui rend sale la moindre goutte.
J’aurais aimé te conter la rouille qui envahit la tête. Les pensées qui tournent et qui s’envolent. Les fois où tes mots font sens et où je n’y vois ni trop ni pas assez. Les fois où je sais prendre le temps de lire avant d’écrire. Les fois où je suis moi. Les fois où je signe en mon nom.
J’aurais aimé te dire les pardons correctement, te dire savoir à quoi ils correspondent. Te dire les chemins éboulés et ceux qui accélèrent. Savoir les infidélités d’émotions et des sexes qui n’ont fait que nous abîmer. Savoir les éclaboussures et les meurtres. Savoir beaucoup plus qu’on ne s’est dit. Savoir des croyances que tu as et qui n’ont jamais été. Savoir ne pas savoir, juste une mélasse qui perle.
Avoir su savoir des sangsues qui saignent, des sangs qui mêlent aux mots qui semblent, des sangles à nos têtes de scion. J’ai des morceaux auxquels je n’accède pas et dont tu as probablement les clefs. Je sais que tu ne les donneras pas. La tête est un drôle de coffre.
Je ne suis ni corps ni tête, juste des spectres qui se relaient.
J’aurais aimé dire tant, pensé beaucoup. Beaucoup dit l’inverse. Aujourd’hui, on panse encore. Ton silence est blanc. Je ne noue qu’ici. Fais ta route. On ne te cherche pas.