Je suis fragmentée. F r a g m e n t é e car je suis seule. Mais accompagnée de mes plusieurs. Tous sont différents et se relaient avec une frénésie à peine perceptible.
Je suis éparse, chacuns ne s’y retrouvent plus. Je tente de comprendre, en vain. Puis-je décider pour nous tous ? Ne changeront-ils pas d’avis, demain ? Sera-t-il trop tard ?
J’en perds les mots.
Nous sommes trop. Je ne puis être tant mais tous ces temps sont moi. Je suis comme maudite, hantée à mi-temps. Tantôt anormale, parfois saine, souvent vide.
J’éperds les maux.
J’accapare les plaies et me couds les miennes. Des assemblages inconsistants et mélangés. Des phases entre mensonge et douleur.
J’égare les peaux.
Chacuns sont chacunes, parfois chacun-e-s, parfois […]. Certains feintent les obstacles. D’autres se haïssent de ne pouvoir le faire. Les derniers restent muets, honteux.
Et mon esprit suit.
Je sous-marine dans cette Abyss depuis sa création mais je n’ai jamais osé y poser un repère. Ce texte m’a convaincu de le faire. Il est si pur, si innocent et lumineux, pourtant il s’en dégage une certaine tristesse, nostalgie et angoisse. Il me rappelle l’enfant que j’ai été et qui végète encore quelque part au fond de moi. Il reflète aussi l’état présent de mon esprit.
Merci cette sublimation de maux enfilés mots à mots comme des perles d’eau ; fragiles et vitales.
De l’amour et du courage.