De toutes les sensations, celle de n’en avoir aucune est la plus étrange. Un néant dévorant, pas la moindre once d’envie, d’ambition, d’émotion. Un vide absolu, comme si rien n’avait de but aucun.
Une pensée pour les êtres que vous savez avoir aimé, pour les passions que vous savez vous être propice à couvrir des feuilles d’encre et de mots. Mais rien ne ressort. Juste un constat qu’aucun appétit n’est vôtre. Manger, dessiner, lire, écouter, la chaleur humaine, des conversations, des musiques vous ayant fait vibrer.
Vous ne ressentez rien. Pas un mot ne vous semble être utile, pas un regard, pas un contact, le visuel de ce qui vous animait autrefois.
Pas d’agréable ni de désagréable, aucune vibration, pas le moindre sentiment à la vue des visages familiers.
La mort elle-même semble fade, juste une infinité de blancs et de silences. Pas une syllabe, pas un geste, la sensation du chaud, du froid, la faim, la création.
Le temps n’est plus, votre vous est lent et l’extérieur est rapide mais rien ne vous touche.
Juste du rien qui coule et s’alanguit, de l’absence qui s’allonge.