Je froisse mon corps comme du papier
Du papier fatigué dont on jette les cendres
Papier millimétré aux bordures effacées
Je m’attèle à te redessiner tous les angles
Les brouillons par milliers s’entassent sous mon dossier
Le classeur mal rangé, la corbeille qui déborde
Mais n’ai-je rien fini, ai-je seulement commencé
À ratifier la peau, à mutiler les phrases
J’écris plus par dépit pour remplir mes cahiers
Désespérément vides malgré ma plume humide
J’ai arraché la page, j’ai cassé l’encrier
Et le noir se propage et imbibe tous les mots
J’ai tranché la reliure, dévoré mes idées
Mais les lignes restent vides, les lettrines ont flétri
Il n’y a rien à sauver, que des piles de ratés
Pour les faire disparaître, j’ai brûlé mon bureau