Les premières années ont été découvertes macabres. Une exploration charnelle motivée par une simple curiosité. Un goût du sans, un vide à combler. Voir ce qui n’avait été dit, jamais appris. Un os à ronger au milieu d’un cimetière d’éléphants.

Chaque traînée est mal vécue après coup. On fait, on regrette. On se regarde dans un miroir qui reflète mal. Ou trop bien. La balance est cassée et c’est tant mieux. Rien ne rentrera mieux qu’un poing dans l’estomac.

Un jour, on essaie vraiment. Ça semble étrange. Le goût est différent des pensées. On arrête sans avoir commencé. Ce n’est ni agréable ni désagréable. C’est autre chose. Du sel.

On sent le vent tourner mais on ne renifle jamais ailleurs. Juste des passagers inconséquents qu’on croise en espérant aider. Mais on n’aide jamais. On fuit.

Un jour, on laisse faire, par habitude. On s’allonge, on attend.

Après, on continue. Une nouvelle fois qu’on dit toujours la dernière, sans en avoir envie. On fait semblant. On focalise l’attention ailleurs. Ça passe. On se sent mal. On mimétisme l’appréciation en attendant la sienne. Rien ne vient. C’est vide.

Après, c’est pareil. Les cheveux blancs s’accumulent, on a jamais envie mais on y retourne. On se sent sale. Hors de soi.

Le pire est dans la poussière. Celle qu’on accumule pendant des années à déformer la vérité. A perdre comment c’était vraiment. Une fois, on a aimé. Une fois, non. Pourquoi était-ce, au fond ? Une croisade, un essai, une formalité, une obsession, un devoir.

Il fallait faire comme ça, comme c’était appris. Chaque fois est plus mauvaise que la précédente. Et un jour, il y a celle de trop. Elle est sale.

Les narines ne repoussent jamais.

Illustration par Wildgrape